Les présidents américain Joe Biden, français Emmanuel Macron, le Premier ministre canadien Justin Trudeau et le chancelier allemand Olaf Scholz sont attendus, parmi une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement.
Ils fouleront la plage la plus emblématique du Débarquement, près de Bayeux (Calvados), où les premiers soldats américains débarquèrent, à l’aube du 6 juin 1944, et où les Alliés perdirent le plus d’hommes face au déluge de feu allemand.
Dans les villages alentour, plusieurs maisons ont pavoisé leur jardin de drapeaux américain, britannique, canadien et français.
En amont de la cérémonie, qui débutera à 15H30 (13H30 GMT), des barges accosteront à Omaha Beach pour une reconstitution d’époque. Suivront une évocation historique du Débarquement, en plusieurs tableaux, ainsi qu’un survol de Douglas C-47, surnommés « Dakota ».
Dans la matinée, des cérémonies nationales seront présidées par le roi Charles III, le président Biden et Justin Trudeau, en présence des derniers vétérans.
Arrivé mercredi à Paris, le président américain, né avant la fin de la Seconde guerre mondiale, doit rencontrer des vétérans ayant participé au débarquement au cimetière américain de Colleville-sur-Mer. Il y prononcera un discours avant de déposer une gerbe en compagnie de son épouse Jill Biden.
Le Débarquement, organisé dans le plus grand secret par les Américains, les Britanniques et les Canadiens, allait ouvrir la voie à la libération de la France et à la défaite de l’Allemagne nazie.
Mais 80 ans après cette opération titanesque, tous les regards seront tournés vers l’Ukraine, théâtre depuis février 2022 d’une offensive russe meurtrière dont l’issue semble encore très éloignée.
La « trahison » de Poutine
Conséquence de cette « guerre d’agression », a affirmé Paris, la Russie, l’un des grands pays vainqueurs du nazisme, désormais paria sur la scène internationale occidentale, a été formellement exclue des célébrations.
En 2014, le président Vladimir Poutine était encore présent, malgré l’annexion de la Crimée trois mois plus tôt, au nom de la recherche de la paix.
Il avait alors rencontré son homologue ukrainien Petro Porochenko, à l’initiative du président français François Hollande et de la chancelière Angela Merkel.
Mais le fameux dialogue au « format Normandie », mis alors en place pour tenter de mettre fin au conflit séparatiste prorusse dans l’est de l’Ukraine, a depuis fait long feu et la diplomatie a cédé la place à la guerre.
« Cette guerre d’agression, c’est une trahison des messages »
Après l’échec d’une contre-offensive ukrainienne au second semestre 2023, la Russie, qui occupe déjà près de 20% du territoire de son voisin, continue de progresser de l’est vers le nord du pays.
« Cette guerre d’agression, c’est une trahison des messages » du Débarquement, a expliqué Emmanuel Macron dans l’émission Quotidien sur TMC pour justifier la non-invitation de Vladimir Poutine à qui il a « écrit ».
Le président français, qui entend faire de ces commémorations un grand rendez-vous international, à trois jours des élections européennes, prononcera un discours à Omaha Beach, suivi d’une interview à 20H aux « JT » de TF1 et France 2.
Cette omniprésence présidentielle, dans la dernière ligne droite de la campagne, est très critiquée par l’opposition. Le chef de l’Etat recevra aussi son homologue ukrainien vendredi à Paris, l’occasion de faire de nouvelles annonces d’aides militaires, puis le président Biden samedi pour une visite d’Etat dans la capitale.
Audace
De son côté, Joe Biden va vanter les alliances des Etats-Unis et plaider pour la démocratie, autant d’occasions de poursuivre à distance son duel avec Donald Trump.
Les alliés des Etats-Unis craignent, en cas de victoire de son prédécesseur républicain en novembre, un nouveau virage isolationniste des Etats-Unis, qui pourrait être fatal à l’Ukraine face à la Russie.
Mercredi, au premier jour des commémorations, Emmanuel Macron a loué « l’esprit de sacrifice » des libérateurs et rendu hommage aux victimes civiles des bombardements alliés.
« Je sais notre pays fort d’une jeunesse audacieuse, vaillante, prête au même esprit de sacrifice que ses aînés », a-t-il déclaré en rendant hommage aux maquisards bretons et aux parachutistes de la France libre au sein des SAS, les forces spéciales britanniques, à Plumelec (Morbihan).
A Saint-Lô (Manche), détruite sous les bombes alliées dans la nuit du 6 au 7 juin 1944, il a appelé à « reconnaître avec clarté et force » les victimes civiles, mortes pour « la liberté et la patrie ».
Mercredi soir, il a aussi rendu hommage aux détenus de la prison de Caen, principalement des résistants, fusillés par les Allemands lors du Débarquement. Vendredi, le chef de l’Etat prononcera un discours à Bayeux, là même où le général de Gaulle prit la parole peu après le Débarquement, le 14 juin 1944, puis exposa son projet présidentiel pour la France en juin 1946.
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