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Delphine est bien connue dans le secteur et pour cause : elle est présidente, depuis 18 ans, des Amis de Saint-Jean du Poteau, une association qui veille au patrimoine de la chapelle de ces lieux et à l’intérieur de laquelle les bénévoles réalisent une crèche de Noël, qui change de thème tous les ans et qui attire toujours des visiteurs de partout.
Le premier dimanche d’août, à l’occasion de sa fête annuelle, la même association accueille des centaines de convives. Le repas est précédé par un défilé de couples qui fêtent 20, 30, 40 ou 50 ans de mariage. Ils sont habillés en costumes bretons. Pendant des années, c’est la sœur de Delphine qui a prêté des costumes à ces mariés. « Malheureusement, à cause d’une maladie, elle ne peut plus le faire, raconte Delphine, et j’ai dû reprendre le flambeau sans pour autant pouvoir me servir de ses costumes. Il y a 7 ans, j’ai commencé à faire ma propre collection et je suis partie de zéro. »
Delphine frappe aux portes des familles qui sont en possession de costumes bretons ou de certaines pièces, tels tabliers, camisoles, coiffes, chapeaux etc. et qui acceptent de les lui donner. « Une dizaine de foyers s’en est séparée, indique Delphine, le reste j’ai dû l’acheter chez des particuliers.
Il a fallu glaner. Certains n’ont pas renoncé facilement aux costumes et j’ai dû être convaincante. »
« C’est devenu une obsession »
Toutes les pièces ne sont pas en bon état. Alors, Delphine prend ses outils de couture et refait, confectionne et ajuste tabliers et coiffes. « Je réserve tout mon temps à cette passion qui est même devenue une obsession. » Petit à petit, la collection de Delphine s’agrandit. Aujourd’hui, elle compte plus de 150 costumes. Beaucoup pour femmes, mais elle en compte 29 pour hommes et 57 pour enfants, garçons et filles. Ces derniers, Delphine les réalise entièrement de ses mains. « Pour les garder dans les meilleures conditions, j’ai acheté 16 petites armoires. Les coiffes, je les range dans des boîtes en ferraille. »
Chaque pièce a son histoire. « Tiens, j’ai acheté ce tablier à Brandivy, montre la collectionneuse, il était dans un papier journal marqué 1949, il a peut-être servi une fois pour le mariage. Cet autre tablier brodé, violet, c’est une voisine qui me l’a donné, il date depuis 1929, mais j’en ai un plus ancien, de 1920, que j’ai acheté à Vannes. Et j’ai une coiffe d’avant 1900, que j’ai trouvée à Saint-Jean Brévelay. »
Delphine peut parler pendant des heures sur ce sujet. Elle connaît sur le bout du doigt les différences entre les costumes de Baud, de Vannes, de Pontivy, de Lorient ou d’ailleurs et à quelle occasion on les mettait. « En raison de sa forme, la coiffe de Lorient était appelée aéroplane, celle de Pontivy, les oreilles de cochon et la brouette était à Guéméné, explique Delphine, mais la raie était celle qu’on mettait tous les jours, les autres servaient pour les mariages et les grandes cérémonies, comme la korneck, la très belle coiffe de Baud. Je dois en avoir plus de 20. »
Ce n’est pas une passion un peu coûteuse ? « Peu importe, répond Delphine, qui a déjà dépensé plus de 10 000 euros pour ses costumes bretons, et je continue d’en acheter chaque fois que j’en trouve. » Elle s’est même fait installer internet qui lui permet de voir si une pièce se vend quelque part. Delphine a porté deux fois le costume breton, lors de la fête de Saint-Jean du Poteau, pour ses 25 et 40 ans de mariage. Son grand plaisir reste néanmoins d’habiller les autres à l’occasion de cette fête, de louer ses costumes de temps en temps et surtout de les montrer et d’en parler, « car cela fait partie de notre patrimoine ».
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