La grande majorité des Ehpad publics bretons sont mal en point. Le modèle économique ne fonctionne plus, dit le maire de Plourin-lès-Morlaix. La maison de retraite de sa commune affiche un budget déficitaire. « On alerte l’État depuis des années » déplore l’élu qui pointe les conséquences pour les résidents.
Les finances de l’Ehpad public de Plourin-lès-Morlaix sont dans le rouge. Et Guy Pennec, le maire de la commune, a beau tourner et retourner le problème dans tous les sens : il manque 190.000 euros pour boucler le budget.
Le conseil d’administration de l’établissement a néanmoins voté les comptes, malgré le déficit. « Nous n’avons pas le droit de voter un budget en déficit, mais nous l’avons fait, dit l’élu. Pour alerter, même si cela fait plusieurs années que nous alertons. Le problème, c’est qu’à un moment ou un autre, nous allons nous retrouver en cessation de paiements ».
Guy Pennec a rejoint le comité des maires bretons entrés en résistance, à l’été 2023, pour se faire entendre sur cette question du financement des Ehpad publics dont près de 70 % en Bretagne seraient sous perfusion, selon une enquête de la fédération hospitalière de France (FHF).
On n’a plus de solution pour maintenir notre Ehpad à flot et garantir le bien-être des résidents.
Carole BourvenDirectrice de l’Ehpad de Plourin-lès-Morlaix
Le déblocage d’une aide d’urgence de 650 millions à l’échelle nationale, annoncé par le gouvernement, ne va pas suffire, affirme Guy Pennec qui a déjà sorti la calculette. « À Plourin, on devrait obtenir 86.500 euros, dit-il, ce qui est à peu près l’équivalent des crédits octroyés depuis 4 ans par l’agence régionale de santé. Autant dire que c’est peu ».
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Dans cette maison de retraite, la direction a été contrainte de supprimer des postes, d’augmenter ses tarifs d’hébergement et de ne plus remplacer les salariés en arrêt maladie. « On a épuisé toutes les solutions, se désole la directrice Carole Bourven. Et aujourd’hui, on n’a plus de solution pour maintenir notre Ehpad à flot et garantir le bien-être des résidents. On ne peut pas mener tous les projets que l’on souhaite, on ne peut plus faire de lien social. On va privilégier les réglementations au détriment du temps passé avec les résidents. »
Le modèle économique de ces établissements publics est « à bout de souffle » constate Guy Pennec. Selon le maire de Plourin-lès-Morlaix, « la conception par l’État du financement des soins et de la dépendance n’est pas à la hauteur de la qualité de service que les aînés sont en droit d’attendre pour vivre dignement ». Le manque d’infirmiers et d’aides-soignants est criant.
L’État doit prendre ses responsabilités.
Guy PennecMaire de Plourin-lès-Morlaix
Les maires bretons s’apprêtent à déposer un recours en justice contre l’État, « Pour lui faire prendre conscience qu’il est temps de se mettre autour de la table et de trouver des solutions qui respectent la dignité des personnes âgées, explique Guy Pennec. L’État doit prendre ses responsabilités. Le modèle actuel ne fonctionne plus et ce n’est pas aux familles ni aux résidents d’en supporter la charge ».
Quant à la loi ‘grand âge’ du 8 avril 2024, « elle ne répond pas aux attentes » tranche l’élu finistérien.
(Avec Céline Serrano)
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