Comme attendu, Bruno Retailleau, qui fut il y a sept ans l’un des plus fervents soutiens de François Fillon, atterrit bien Place Beauvau. Mais la sénatrice LR de Loire-Atlantique Laurence Garnier ne sera pas en charge de la Famille, comme initialement envisagé. Elle qui s’était opposée à la constitutionnalisation de l’IVG en 2024, et dont le profil heurtait l’aile gauche du camp présidentiel, sera finalement ministre déléguée à la Consommation.
Modem : « un rôle de vigie »
L’appel d’Emmanuel Macron à rallier l’équipe Barnier au nom de « l’intérêt collectif » a été entendu par son camp. Après des hésitations, le MoDem a finalement acté sa participation au gouvernement. « Si on fait le constat qu’il manque le flotteur gauche, on ne va pas enlever la quille du bateau. Partir aurait affaibli le gouvernement. Nous aurons un rôle vigie », justifie auprès de Sud-Ouest Fabien Robert, son secrétaire général adjoint. Comme attendu, le MoDem obtient deux ministères de plein exercice : les Affaires étrangères, avec Jean-Noël Barrot, et la Santé avec Geneviève Darrieussecq.
L’aile gauche de la macronie, elle aussi en plein doute existentiel ces dernières heures, sera représentée par la ministre de l’Écologie, Agnès Pannier-Runacher. Comme pressenti, le nouveau ministre de la Justice, Didier Migaud, est la seule personnalité classée à gauche à intégrer l’équipe Barnier.
La barre à droite
La barre penche donc clairement à droite, avec des Républicains en bonne position. Outre Bruno Retailleau à l’Intérieur, on retrouve Annie Genevard à l’Agriculture ou encore Patrick Hetzel à l’Enseignement supérieur. Trois ministres sortants venus de cette famille restent au gouvernement, renforçant cette touche LR : Sébastien Lecornu aux Armées, Catherine Vautrin au Partenariat avec les territoires et Rachida Dati à la Culture.
Visiblement, chaque composante de ce nouvel attelage a cherché à pousser ses pions jusqu’au bout. Vendredi, la députée macroniste du Nord Violette Spillebout était encore pressentie pour l’Éducation. Ce sera finalement la députée des Français de l’étranger, Anne Genetet. Un changement directement lié à l’intervention de l’ancien Premier ministre Gabriel Attal, selon Le Parisien. Le choix de cette députée qui siégeait dans la commission Défense de l’Assemblée étonne, y compris en macronie. « À part le fait d’avoir vécu à Singapour qui est un pays référence en matière de modèle éducatif, je ne lui connais pas de compétences particulières sur le sujet de l’éducation », persifle un cadre du camp présidentiel, cité par Le Parisien.
Exercice périlleux
Alors que le vote du budget 2025 s’annonce comme un exercice périlleux, Bercy restera un bastion macroniste. On y retrouvera un tandem formé par Antoine Armand, député de Haute-Savoie à l’Économie et Laurent Saint-Martin, ex-député du Val-de-Marne, au Budget.
Autre fait marquant, deux Bretons font leur entrée au gouvernement : le maire de Lorient Fabrice Loher, en tant que ministre délégué chargé de la Mer et de la Pêche et la sénatrice d’Ille-et-Vilaine Françoise Gatel, en tant que ministre déléguée chargée de la Ruralité, du Commerce et de l’Artisanat.
La gauche ne décolère pas
La gauche, arrivée en tête des législatives et qui espérait faire nommer sa candidate Lucie Castets à Matignon, ne décolère pas. « Cela ressemble plutôt à un gouvernement Fillon, à l’inverse de ce que les Français attendent », a critiqué sur l’antenne de BFMTV Emma Rafowicz, députée européenne et présidente des Jeunes socialistes. « Michel Barnier n’a aucun avenir. Son destin promis est qu’il sera battu à l’Assemblée nationale, sans doute sur son projet de budget, et qu’il tombera à la faveur d’une motion de censure si ceux qui se disent de l’opposition continuent à l’être. Voilà la vérité », a lancé le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, dans une courte note sur son blog.
Ce gouvernement Barnier « signe le retour du macronisme » et « n’a aucun avenir », a de son côté affirmé le président du Rassemblement national, Jordan Bardella.
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