Henri Leclerc, avocat et défenseur inlassable des droits de l’Homme, est décédé samedi à 90 ans. Depuis, les hommages se multiplient pour ce géant qui a plaidé pendant 65 ans.
C’était un ténor du barreau comme il en reste peu, un homme passionnément, ardemment engagé en faveur des droits de l’Homme, des droits fondamentaux et des libertés publiques, c’était un pénaliste remarquable qui a inspiré des générations d’avocats et plaidé dans des affaires qui ont marqué l’opinion ; c’était aussi une voix chaude, ronde et chaleureuse mais précise et puissante : Me Henri Leclerc est décédé samedi à Villejuif (Val-de-Marne) des suites d’un AVC, à l’âge de 90 ans, et c’est peu dire que sa disparition laisse un grand vide non seulement dans le monde judiciaire mais aussi dans la société française.
Les nombreux hommages, unanimes qui s’enchaînent depuis samedi soir sont là pour témoigner de la place singulière qu’avait acquise Me Leclerc.
Engagement politique « fermement à gauche »
Car durant 65 ans – il a prêté serment le 14 décembre 1955 – Henri Leclerc, fils d’un fonctionnaire des impôts et petit-fils d’instituteurs, a plaidé avec la même passion les grandes affaires criminelles et toutes les causes sociales, s’imposant comme une référence parmi ses pairs. Son pedigree d’avocat est, de fait, impressionnant : Henri Leclerc a plaidé pour la défense de Charlie Bauer et François Besse – deux lieutenants de Mesrine – Florence Rey, Richard Roman, Hélène Castel, Jacques Viguier, Véronique Courjault ou Dominique de Villepin dans l’affaire Clearstream. Il est intervenu en tant que partie civile dans l’affaire Omar Raddad, a défendu Dominique Strauss-Kahn dans l’affaire du Carlton de Lille, plaidé pour le mathématicien Alexandre Grothendieck.
Mais lorsque Henri Leclerc a débuté dans le métier – il a commencé comme avoué auprès de Me Albert Naud – c’est vers d’autres combats que le conduit son engagement politique « fermement à gauche ». Dès 1956, en pleine guerre d’Algérie où il a lui-même été envoyé servir, il a défendu des militants du FLN et du MNA (Mouvement national algérien). Après eux, viennent les étudiants de Mai 68 – il est notamment l’avocat de Cohn-Bendit, Geismar, Sauvageot –, les mineurs du Nord, les pêcheurs bretons, les paysans en lutte, le journal Libération fondé par Jean-Paul Sartre…
Henri Leclerc, silhouette massive et sourcils broussailleux, devient l’avocat de toutes les causes sociales. De 1995 à 2000, il avait présidé la branche française de la Ligue des droits de l’homme, et en était encore président d’honneur. Il avait livré son ultime plaidoirie en décembre 2020 devant la 1re chambre civile du tribunal de Paris.
« Nos robes noires porteront son deuil indélébile »
« Cher Henri, tu disais souvent s’il n’en reste qu’un, je serais celui-là. Avec ta disparition, nous perdons un infatigable défenseur des libertés dont l’engagement et le talent auront marqué le barreau et toute notre justice », a réagi le ministre démissionnaire de la Justice et ex-avocat Eric Dupond-Moretti. « Nos robes noires porteront son deuil indélébile. Qu’il soit assuré que notre peine, loin de nous faire taire, enfiévrera nos mots, que nous placerons résolument dans les siens », écrit l’Association des avocats pénalistes. « Brillant avocat, fervent défenseur des libertés publiques, il était l’une des plus illustres figures de notre barreau », a réagi le barreau de Paris.
« Quand Henri Leclerc prenait la parole, encore dernièrement, on s’arrêtait et on écoutait. Il a inspiré plusieurs générations de militants des droits de l’homme » a estimé Carole Delga, présidente de la Région Occitanie. « Je ne sais pas être raisonnable avec les personnes que j’aime, que je respecte et que j’admire. Moins encore quand j’aime profondément, que je respecte résolument et que j’admire intensément. Ainsi de Me Henri Leclerc », a réagi l’ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira, qui avait décoré l’avocat de la Légion d’honneur. Emmanuel Macron a salué « une carrière passionnément éprise de justice »
Les combats d’un humaniste
Mais si Henri Leclerc avait le respect et la considération de ses pairs et plus largement de la magistrature, c’est en tant que président de la Ligue des droits de l’Homme qu’il a peut-être le plus marqué les Français par ses prises de position, ses mots, ses combats qui puisaient au plus profond de l’idéal républicain.
En lui rendant hommage hier, la Ligue a ainsi repris les mots qu’Henri Leclerc avait prononcés en 1998 pour son centenaire et qui, plus que jamais, illustraient les combats de sa vie, les combats d’un humaniste qui assurait qu’ « il est important de croire aux matins et de ne pas croire que la nuit est définitive ». « Ils sont toujours là, nos vieux adversaires. Nous les connaissons bien. Ils s’appellent l’arbitraire qui menace les libertés, l’intolérance qui détruit la fraternité, le racisme qui nie l’égalité, l’individualisme qui tue le citoyen. Elle est toujours présente, la misère, cette insulte à la dignité. Et devant nous, dressés, tous les pouvoirs dont on abuse. »
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